Menu
Libération
Éditorial

Rideau

Article réservé aux abonnés
publié le 9 janvier 2007 à 5h22

On comprend désormais pourquoi la droite a tant moqué la démocratie d'opinion vantée par certaine socialiste : elle voulait se la garder pour elle ! Il aura suffi qu'un comédien et sa famille aient l'idée d'un coup médiatique de génie, entre le remake de Camping et du coup de gueule de l'abbé Pierre, pour que, trois semaines plus tard, Jacques Chirac, chef d'Etat au long cours, décide d'ajouter aux droits de l'homme un droit au logement opposable. Comme la promesse n'a pas fait disparaître les tentes, il sort aujourd'hui un «plan d'action renforcé» pour héberger de façon «pérenne» les SDF. S'il fallait encore une preuve que, sans la mobilisation de la société civile et des associations, le politique est toujours trop timide, elle est là. La démonstration ne grandit guère le pouvoir dont la capacité d'écoute apparaît surtout fonction des années électorales ! Les SDF, eux, ne se plaindront pas du dernier geste de Chirac qui, Sisyphe de la fracture sociale, reprend son ouvrage à l'heure du tombé de rideau, douze ans après avoir promis de s'y attaquer. L'essentiel est bien qu'ils échappent dignement à la rue. Mais, instruits par l'expérience, ils attendent de voir pour quitter leurs tentes. La victoire ne vaut pas encore de décamper. Depuis 1954, le sort des mal-logés avance plus à coups d'émotion que de prévision gouvernementale. Et, quand l'émotion retombe, les promesses trop souvent s'évanouissent. L'exécutif chiraquien s'engage d'autant plus fort a