Villefranche-de-Lauragais envoyé spécial
Personne ne doute que Bouazza Benaouhi, hospitalisé en psychiatrie onze fois en dix ans et qui a poignardé une inconnue dans une rue de Gaillac (Tarn) en 2003 au motif qu'il était «Dieu» et que les «gens brûlaient autour de [lui]», est au moins fou. La question posée depuis trois jours devant la cour d'assises d'appel de Haute-Garonne était un brin plus «complexe», selon l'avocat général Jean-Christophe Muller.
«Pédagogue». Cet avocat général est un garçon têtu. Contre l'avis de quatre experts psychiatres sur six estimant ce criminel pénalement irresponsable pour cause de schizophrénie paranoïde, il l'avait tout de même renvoyé devant le jury populaire des assises du Tarn. Cette cour ayant jugé l'accusé coupable mais irresponsable en l'acquittant, le renvoyant donc à l'hôpital plutôt qu'en prison, le magistrat du parquet faisait aussitôt appel. C'est le même Jean-Christophe Muller qui a encore requis vendredi trente ans, dont vingt incompressibles, contre le jeune «fou». Dans son esprit, ce second procès devait être le bon : «Cette fois, je serai pédagogue», avait-il averti dès mercredi à l'ouverture des débats. Il a effectivement tâché de l'être. Le doigt levé, la parole sentencieuse, son réquisitoire a commencé comme un cours de droit : «Vous aurez d'abord à déterminer le degré de responsabilité pénale de l'accusé», a-t-il expliqué aux jurés. Le «discernement» de cet accusé peut-être