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Libération

La gauche en ordre dispersé

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Une faille est apparue entre antiracistes et défenseurs de la laïcité.
par Caroline Fourest, ("Charlie Hebdo")
publié le 7 février 2007 à 5h54

Qu'y a-t-il de commun entre les affaires Rushdie, Redeker, et celle des caricatures ? Chacune répond à un contexte particulier, mais la nature des menaces et surtout les questions qu'elles posent en matière de liberté d'expression sont inchangées. Or, entre 1989 et 2007, la gauche ne réagit plus de la même manière à cette interpellation. Le 11 Septembre est passé par là, et chacun le lit ou l'interprète selon ses sensibilités, sa culture politique. Plutôt anticolonialiste ou plutôt antitotalitaire, plutôt nationale ou plus internationale, plutôt antiraciste ou plutôt laïque. Les uns, attachés à la libre critique des religions et à la laïcité, analysent ces attentats comme un signal : celui de la remontée de l'obscurantisme. D'où le sentiment de devoir y résister en réaffirmant le principe de laïcité et en appelant les démocrates à faire front. Problème, dans ce même camp, beaucoup sont légitimement inquiets du risque d'amalgame entre islam et terrorisme, quitte à interpréter la moindre critique de l'intégrisme musulman comme une attaque mettant de l'«huile sur le feu», voire comme un symptôme de l'«islamophobie» rampante. C'est le cas des dirigeants du Mrap et de la Ligue des droits de l'homme. Tout en affichant un soutien de principe aux victimes de menaces de mort, ils insistent sur le côté «nauséabond» de propos qu'ils jugent volontiers racistes. Au risque de mettre sur le même plan la menace représentée par les poseurs de bombes et celle incarnée par ceux qu'Oli