Colmar envoyé spécial
On ne saura jamais pourquoi Assan Jabiri, «un gars pas méchant» et inconnu de la justice, s'est lancé, une nuit de printemps 2004, dans une folle fuite pour échapper aux gendarmes qui le poursuivaient sur l'autoroute A 35, dans la plaine d'Alsace. A la fin, un adjudant bien noté, «pas un cow-boy», selon son avocat, a raté son interpellation. Une balle est partie, Jabiri l'a reçue en pleine tête. Il est mort deux jours plus tard à l'hôpital de Colmar. A Strasbourg, où la victime vivait dans le quartier de Neuhof, cette bavure avait provoqué trois nuits de violences urbaines.
Vive allure. Hier, l'adjudant Eric Mettler était à la barre du tribunal correctionnel de Colmar, poursuivi pour homicide involontaire. Grand gaillard en tenue d'apparat, médailles piquées sur la poitrine, l'adjudant a 44 ans, dont vingt passés dans la gendarmerie. Il raconte que, la nuit du drame, il commandait une patrouille de quatre gendarmes du peloton autoroutier de Rixheim (Haut-Rhin). Vers minuit, Assan Jabiri, un père de famille de 33 ans, les dépasse à vive allure au volant d'une voiture sans pare-chocs ni plaque d'immatriculation à l'arrière. La course-poursuite s'étire sur 25 kilomètres.
A hauteur de Colmar, Assan Jabiri stoppe sur la bande d'arrêt d'urgence. La voiture des gendarmes se range devant la sienne et l'adjudant Mettler en sort rapidement, arme dirigée vers le sol, une balle engagée dans le canon. L'officier assure avoir placé son doigt le long de l'a