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Libération

Une prison condamnée pour refus de visite

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La compagne d'un détenu mourant n'avait pu le voir.
publié le 16 février 2007 à 6h08

Priver un mourant ­ fût-il détenu ­ des visites de son conjoint s'apparente à un «traitement inhumain et dégradant». Ainsi en a jugé récemment le tribunal administratif de Melun. En octobre dernier, le directeur adjoint de l'hôpital pénitentiaire de Fresnes avait suspendu le permis de visite de Muriel P., compagne depuis dix ans de Luderce G., détenu et malade. Quelques jours plus tôt, elle avait été prévenue que Luderce G., 38 ans, avait été transféré de la prison de Perpignan à celle de Fresnes car on venait de lui diagnostiquer un cancer du poumon en phase terminale. Muriel P. était donc invitée à se rendre à son chevet pour ses derniers jours. Lors de sa première visite, elle tente de lui apporter quelques objets qu'il a souhaités : des dosettes de café et de chocolat, deux bouteilles de coca, un calepin, un stylo, un flacon de gel douche et aussi un rasoir avec ses lames jetables (celui fourni en prison lui irritant la peau). Mais le code de procédure proscrit «toute remise d'argent, de lettres ou d'objets quelconques». Les objets sont découverts et son permis suspendu.

Les juges notent que «si l'introduction d'un rasoir avec ses lames jetables peut apparaître comme susceptible de mettre en danger la sécurité des personnes, il n'en va pas de même des quelques douceurs destinées à un détenu alité et en fin de vie». Et surtout, le tribunal considère qu'il n'y avait pas lieu d'appliquer une pareille sanction. La direction de la prison de Fresnes a ainsi