La Roche-sur-Yon correspondance
La même hantise leur glace le sang chaque matin. Au lever, Gaston et Maryvonne Praud, un couple d'agriculteurs à la retraite installé dans le bocage vendéen, à La Tardière, s'avancent avec inquiétude vers l'entrée de leur jardin. Ils ont peur d'y découvrir le corps d'un nouveau suicidé. Au-dessus de leur maison, à quarante mètres de haut, trône un viaduc de sinistre augure. En cinq ans, six personnes s'y sont jetées, pour tomber juste devant leur cour. Le dernier désespéré s'est tué en octobre 2006.
Plainte. Dès le début de cette série noire, les Praud ont manifesté leur angoisse auprès des collectivités. «Mais tout le monde s'en fout», se lamente Maryvonne Praud, qui a assisté de ses propres yeux au premier suicide, en octobre 2001. Le viaduc de Coquilleau, qui appartient à Elastic Bungee, une société de saut à l'élastique, traverse trois communes du sud-est du département : La Châtaigneraie, Breuil-Barret et La Tardière. «On est démoralisé, je ne dors plus. On ne sait jamais quand ça peut arriver. Je suis obligée de dire à mes petits-enfants de ne pas venir», poursuit Maryvonne. A chaque suicide, le même manège se produit. Pompiers, gendarmes, légiste, pompes funèbres défilent dans leur jardin. Pendant ce temps, hors de question de quitter les lieux. Car les corps atterrissent sur le seul chemin d'accès à leur ferme. Le couple a porté plainte, mais, en juin, le dossier a été classé sans suites par le parquet de La Roche-sur-Yon,