Sociologue, Martine Gross est présidente d'honneur de l'Association des parents gays et lesbiens (APGL). Elle réagit ici aux deux arrêts publiés hier par la Cour de cassation et qui ont interdit, dans deux familles, à la compagne d'une mère naturelle de devenir la mère adoptive de son enfant, l'autorité parentale étant partagée ensuite entre les deux par une deuxième procédure. Des décisions qui marquent un retour en arrière par rapport à différents jugements qui étaient intervenus ces dernières années en France pour ouvrir la voie à un partage de la filiation et de l'autorité parentale. Dans l'affaire de Bourges, concernée par l'un des deux arrêts d'hier, l'adoption avait été validée par la cour d'appel. Dans l'autre affaire, celle de Paris, le couple avait perdu devant toutes les juridictions.
Etes-vous surprise par ces deux arrêts de la Cour de cassation ?
Pas totalement, car la Cour de cassation est généralement composée de magistrats assez conservateurs. Cela dit, récemment, elle a quand même reconnu que la délégation d'autorité parentale prévue par la loi du 4 mars 2002 pouvait s'appliquer dans le cas d'un couple de même sexe. Toute une série d'actes de la vie quotidienne concernant l'enfant peuvent ainsi être confiés à l'autre parent, comme dans le cadre des familles recomposées par exemple, et ce, même si les deux parents sont de même sexe. Mais cela n'a rien à voir avec l'adoption qui, elle, concerne la filiation et va beaucoup plus loin. Si les couples prétendent ado