Montpellier correspondance
Il disait : «Quand je serai mort, vous verrez mon nom sur la ville.» Pour qui lève la tête à Montpellier, «Zoka» est partout. En grosses lettres blanches accrochées aux plus hautes cheminées de la place de la Comédie, en lettres de sang dans le tunnel du tramway. Zoka, c'était le deuxième nom de Jonathan, un jeune homme grand et maigre qui aurait eu 25 ans en juin, son «blaze», en langage graff. «Il prenait des risques énormes pour écrire son nom. J'ai du mal à comprendre», murmure Yann, son père.
Comme ce 27 janvier 2007, un samedi soir qui avait débuté presque comme les autres. Trois copains graffeurs retrouvés à la terrasse d'un café, une bouteille de whisky et des bières pour se donner du courage, un premier graff bombé vers 22 h 30, puis un deuxième. Quand soudain, Jonathan, alias Zoka, se lance en solo. Il est une heure du matin. Ses amis ont à peine le temps de le voir escalader la gouttière qu'il est déjà sur le toit du cinéma Capitole, dominant la rue, bombe de peinture en poche.
«SMB». Julien (1) le rejoint, Adrien reste en bas. Benjamin s'éclipse. Mais leurs gestes sont interceptés par les innombrables caméras de surveillance municipale qui balayent la ville. Prévenue, la police envoie une équipe de la BAC. Arrivés vers 1 h 30 du matin, les trois flics en civil se planquent pendant dix minutes pour observer les trois jeunes hommes. De son perchoir, Zoka dessine en noir le contour d'un énorme «SMB», pour «suce ma