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Libération

«Vous n'avez pas le profil type»

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publié le 19 mars 2007 à 6h42

Tribunal correctionnel de Bobigny envoyée spéciale

Mules, béliers, bouletteux... Ce vocabulaire, spécifique de la treizième chambre, désigne les soutiers du trafic de drogue international : les transporteurs de cocaïne ou d'héroïne qui finissent par buter contre les douaniers de Roissy. Comme Miguel, Mexicain de 38 ans qui a ingurgité des boulettes de cocaïne comme remède aux déboires financiers de son entreprise : «J'avais 30 000 euros de dettes et trois enfants à nourrir». Le 9 septembre, lors du transit à Paris d'un vol Mexico-Madrid, il se fait contrôler. Pas de drogue dans ses bagages, ni sur lui. Mais le test urinaire, puis la radio révèlent que 90 ovules ­ soit 1,3 kg de cocaïne ­ voyagent dans son tube digestif. Le président lit ses aveux ; Miguel acquiesce à chaque phrase. Oui, il a été recruté par un certain Rodolfo dans un bar. C'était bien son quatrième voyage. Il touchait 30 dollars par boulette et, la première fois, en avril 2006, il n'avait pu en ingérer que 50. Un couple, Ricky et Félix, l'attendait en Espagne. Miguel demande pardon. «J'ai toujours travaillé. Je n'ai jamais volé ni fait de mal à qui que ce soit», dit-il. Son avocat fait valoir que la marchandise était destinée à l'Espagne où la consommation de cocaïne est licite. Mais le procureur veut une peine «significative», pour décourager les passeurs, «malgré les situations humaines souvent douloureuses derrière ce type de phénomène». Trente mois de prison, interdiction défin