Comment chiffrer les dégâts provoqués par une marée noire ? Non pas les effets marchands mais ceux qui touchent à l'équilibre des écosystèmes ? Depuis lundi, l'écologie a fait son entrée au procès de l'Erika, après deux mois d'audience consacrés au fonctionnement du monde maritime et au naufrage du pétrolier. A la pointe de ce combat-là, les trois régions concernées, Bretagne, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes, qui ont gardé secret, jusqu'à hier, un rapport demandé à l'Inra (Institut national de recherche agronomique) sur l'évaluation économique du préjudice écologique et l'ensemble des dommages qui ne sont pas indemnisés par ailleurs.
Crustacés. 370 millions d'euros, c'est le chiffre auquel aboutit François Bonnieux, chercheur à l'Inra, qui est venu hier témoigner à la barre du tribunal correctionnel de Paris. Ayant travaillé dès 1978 sur le coût social de la marée noire provoquée par l'Amoco Cadiz, il a expliqué comment il a calculé son évaluation en trois parties. Tout d'abord, les pertes d'agrément pour les populations résidentes : en quoi la marée noire a-t-elle modifié les loisirs des habitants ? «Comme le naufrage a eu lieu le 11 décembre 1999, et que c'était l'hiver, je me suis basé sur la pêche à pied au travers d'un sondage en direct portant sur 600 personnes. La plupart ont abandonné le ramassage de coquillages et crustacés et se sont tournés vers d'autres activités de plein air.» Le chercheur a fixé le coût des dommages, pour cette seule acti