Ils étaient 250 000 esclaves en Guyane, Martinique, Guadeloupe et à la Réunion lorsque fut aboli l'esclavage, en 1848. Le site http://www.parolesdesclavage.com, créé il y a un mois par Serge Bilé, propose une trentaine de témoignages en ligne de descendants d'esclaves martiniquais, qui font revivre les récits que leurs grands-parents ou arrières grands-parents leur faisaient de leurs vies d'esclave.
Les témoins rencontrés par Serge Bilé évoquent les souvenirs de leurs aïeux : dureté des travaux agricoles, fugues, sévices, mais aussi traditions musicales.
Yvonne Gaspard raconte, les larmes aux yeux, que tous les membres de sa famille, enfants compris, travaillaient «comme des boeufs» dans les champs de canne. Avec l'abolition, les «marrons» ont reçu un nom, «ont pu s'instruire, retrouver une certaine fierté», explique Gaston Jean-Michel, 96 ans, dont la grand-mère a vécu l'abolition en 1848.
L'émotion est contagieuse. Eugénie Goya explique que l’esclavage a toujours été un tabou dans sa famille. La parole est aujourd’hui une libération. Serge Bilé a aussi recueilli le témoignage de Christian de Reynal, qui descend d’une famille qui posséda des esclaves. Traumatisé par cet héritage, il explique qu'il est devenu prêtre pour rapprocher les hommes. Eugène Nestoret interprète un chant célébrant l'abolition : «La liberté, la liberté a posé son drapeau pour ne plus jamais voir revenir l'esclavage».
Né en C