Tribunal correctionnel de Lyon
«Il faudrait peut-être ramener les choses à de justes proportions !» proteste l'avocate d'Olivier, 36 ans, ébéniste, prostré dans le box. «Ce qu'on reproche à mon client, en tout et pour tout, c'est d'avoir lancé une canette de bière en métal, vide.» Alors, entendre le procureur réclamer six mois de prison dont trois avec sursis, ça lui paraît exagéré, même si la canette a percuté un policier. Le procureur, lui, tient à ramener l'ordre à Lyon : «Toutes les nuits, deux cents à trois cents personnes manifestent parce qu'elles n'acceptent pas le résultat de l'élection présidentielle. Et, au bout de quelques heures, la situation dégénère en affrontements avec les forces de l'ordre.» Résultat : trente personnes poursuivies en trois jours, pour des jets de projectiles, feux de poubelles et autres outrages et rébellions. «Le résultat des élections est incontestable. L'Etat de droit s'impose à tous, martèle le procureur. Ce sont des comportements inquiétants qui ne doivent pas être banalisés et je le rappellerai dans tous les dossiers.» A Lyon, cas unique en France, une audience spéciale avait été organisée pour évacuer les cas de vingt-deux de ces trublions. Or, normalement, toute création d'audience nécessite une délibération de l'assemblée générale des magistrats. Dans les couloirs du palais, on jasait beaucoup sur la légalité de cette séance exceptionnelle, et les possibles contestations des condamnations prononcée