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Libération

«Il a tourné la page, changé d'optique»

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publié le 21 mai 2007 à 7h52

Tribunal correctionnel d'Evry, sixième chambre

En sortant de la salle d'audience, la petite femme rondelette, totalement déboussolée, se retourne vers son avocate : «Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?» Elle vient d'exposer devant le tribunal que son ex-mari n'a jamais payé un sou de la pension alimentaire qu'il doit lui verser depuis un jugement d'octobre 2005 : 160 euros mensuels pour deux enfants. Mais la procureure n'a pas eu l'air convaincue : «Il appartient à la partie civile d'apporter la preuve du non-paiement», a-t-elle dit en guise de réquisitions. L'abandon de famille est constitué dès lors que la pension n'est pas payée intégralement pendant plus de deux mois. Mais comment apporter une preuve négative ? demande l'avocate. Théoriquement, le prévenu devrait arriver avec les traces de ses versements ; il préfère jouer l'homme invisible : «Il ne s'est présenté ni à l'audience précédente, ni devant le juge des affaires familiales, ni aujourd'hui. Et l'avocat qui le représentait pour le divorce m'a indiqué qu'il ne le défendait plus, car son ex-client refuse d'acquitter des honoraires», explique l'avocate de madame. La présidente constate que le prévenu a bien été «cité à personne», c'est-à-dire qu'il a reçu la convocation en mains propres. «Il a cessé de travailler dès qu'il a été condamné au versement de cette pension alimentaire. On ne peut faire de saisie sur salaire», indique encore l'avocate. En précisant que sa cliente se trou