Il est encore un peu sonné mais combatif, Salif Kamaté, deux jours après son expulsion ratée de France (Libération d'hier). Samedi, ce Malien de 50 ans, sans papiers, avait semé la panique sur un vol Air France l'expulsant vers Bamako, les policiers de son escorte l'ayant violemment frappé selon les témoignages de passagers choqués par la brutalité des forces de l'ordre. Au point que le vol a été annulé.
«Double peine». Hier, Salif Kamaté se remettait de ses émotions et préparait sa défense dans les bureaux de Gaïa, association issue de Médecins du monde qui le suit depuis 1999 dans le cadre d'un programme de substitution à la drogue. Sur ses genoux, un dossier résumant toute sa vie, dont sa naissance au Mali, alors colonie française, en janvier 1957, ce qui aurait pu lui valoir la reconnaissance de sa nationalité française s'il avait fait les démarches nécessaires à l'âge de 18 ans. En 1972, il a 15 ans et rejoint des parents en France. Scolarité normale jusqu'à l'obtention d'un certificat de cordonnier. En 1986, il tombe pour trafic de drogue. La condamnation est assortie d'une interdiction définitive du territoire français (ITF). Une de ces «double peines» que Nicolas Sarkozy s'était fait fort de supprimer à son arrivée au ministère de l'Intérieur en 2002. «Cette ITF a bouffé ma vie», raconte ce Malien. En 2003, deuxième condamnation pour le même motif, et deuxième interdiction définitive du territoire.
Entre temps, Salif Kamaté a eu un enfant, décédé acciden