Le bambou ploie sur les épaules de Yang Jiafu. Vingt kilos de courgettes et de haricots perlés de rosée lestent sa palanche. Une heure plus tôt, dans la lumière naissante du jour, la fermière les a cueillis à tâtons sous les larges feuilles des plants.
Il est 6 h 15. En silence, Yang Jiafu et son mari gagnent le marché à petits pas rapides, sur un sentier étroit de terre sableuse qui longe les champs de gingembre puis les murs décrépits de la briqueterie de Lizhuang.Un jour sur deux, la petite bourgade de 8000 habitants s'anime au rythme de l'échange avec sa campagne. À l'est, les moto-taxis rouges dévalent en cahotant les chemins de terre ocre, flanquées de paniers de bambous débordant de canne à sucre ou de canards. À l'ouest, les triporteurs harnachés de sacs de céréales convoient les fermiers par demi-douzaines. Au nord, chaque demi-heure, le bac qui traverse le fleuve Yangtzi débarque une procession de funambules défilant sur les planches étroites qui rejoignent la terre ferme. Au sud, où la route est d'asphalte, les bus déversent tous les quarts d'heure un flot de fermiers, paniers vides à bout de bras ou paniers pleins sur le dos.
De vingt kilomètres à la ronde, ils sont près de 3500 à converger vers la bourgade pour vendre ou acheter. À même le sol, hors des emplacements autorisés, pour ne pas payer de redevance, les plus pauvres proposent une dizaine de concombres, d'aubergines et des bottes d'épinards posés sur un drap. À leurs côtés, gingembre, pim
Cultures et dépendance
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par Guillaume Guichard et Célian Macé avec Zhao Xiaochuan et Zhang Yiqing
publié le 31 mai 2007 à 7h00
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