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Libération

La trajectoire brisée d'un rescapé judiciaire

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publié le 2 juin 2007 à 8h06

Angers envoyé spécial

C'est un «rescapé». Le 21 avril, après onze semaines de procès, Jean-François C., 50 ans, a été acquitté. La justice a reconnu son innocence dans le procès en appel de l'affaire de pédophilie d'Angers. Cet événement sans précédent dans l'histoire judiciaire ­ 66 accusés, 44 mineurs victimes ­ a occupé les médias durant six mois en 2005.

Jean-François était soupçonné d'agression sexuelle sur une fillette de 6 ans. A Angers, il avait été reconnu coupable et condamné à six mois ferme. A l'époque, il ne devait pas retourner en prison, car il avait déjà effectué neuf mois de détention préventive. «J'avais un réel espoir de gagner, dit Patrick Descamps, son avocat. Car faire appel d'une peine de six mois, cela m'a interpellé, c'était risqué.» Jean-François aurait pu rester tranquille dans son coin, mais il voulait à tout prix qu'on reconnaisse son innocence.

Gangrène. Aujourd'hui, Jean-François avance péniblement avec une canne. Il porte la barbe, présente un visage émacié, fatigué. Il est atteint physiquement par la gangrène de Fournier, maladie qui nécrose l'appareil génito-urinaire. De cette accusation, il parle d'une «marque au fer rouge, indélébile et au milieu du front. Là.» Un de ses proches témoigne : «Il ne sait plus vraiment où il en est.» Jean François a toujours cru en sa bonne étoile. «En prison, je restais serein. Je me disais que la juge d'instruction allait bien se rendre compte que les accusations étaient dénuées