Le compteur des peines planchers commencera à tourner pour des infractions punies de trois ans d'emprisonnement en cas de récidive. Un seuil très bas. Et c'est ce qui inquiète le plus les syndicats, qui ont découvert vendredi le détail du projet de loi qui sera présenté en juillet par la garde des Sceaux, Rachida Dati (voir Libération de vendredi). «On balaie tout le système répressif», s'alarme Emmanuelle Perreux, du syndicat de la magistrature. «Le champ d'application est si vaste !» renchérit Bruno Thouzellier, de l'Union syndicale des magistrats.
En cas de récidive, le voleur à l'étalage ou le manifestant qui jette sa cannette de bière sur les forces de l'ordre seront ainsi visés par le seuil d'un an de prison. Les minima s'élevant par paliers jusqu'à quinze ans pour les crimes punis de la perpétuité. «L'emprisonnement devient la référence, même pour les mineurs à partir de 13 ans», constate Emmanuelle Perreux. Pour eux, la peine minimale sera seulement divisée par deux.
Certes, le juge pourra déroger, mais en motivant avec des arguments de plus en plus encadrés au fil des récidives. Certes, il pourra mettre du sursis. «Mais c'est un changement de philosophie pénale», estime Bruno Thouzellier. «On devra se justifier et motiver en permanence, avec le risque de se tromper et de se voir reprocher de ne pas avoir appliqué la peine standard», dit-il. «Donc, nous conseillerons aux collègues de ne pas se jeter dans la gueule du loup :