Bobigny audience de 35 bis et quater.
Droite sur sa chaise, une bambine en collants de laine balance ses jambes dans le vide. A côté d'elle, deux petits garçons dorment, de part et d'autre de leur mère. «Comme nous avons une affaire avec des mineurs, des triplés de trois ans, nous allons commencer par celle-là», propose la présidente. La salle, à l'entrée du tribunal, donne sur la célèbre passerelle bleue. C'est là que, tous les jours, défilent les étrangers débarqués à Roissy et interdits d'entrée sur le territoire. Ils ont passé plusieurs jours en zone d'attente (quatre maximum), et un juge des libertés et de la détention (JLD) statue sur l'éventuelle prolongation de leur rétention (huit jours), avant que l'administration ne décide de leur sort.
La mère des triplés, petite jeune femme aux traits fins, est irakienne. Il faut un interprète en arabe. Il est là. L'avocat de permanence aussi. «Mais je n'ai pas encore vu ce dossier-là», s'excuse-t-il. Va donc pour ceux qu'il a parcourus pendant l'heure écoulée. La petite foule des «retenus» est assise sur le côté gauche de la salle : Irakiens (en majorité), Tamouls, Africains, Colombiens... Reflet des conflits et les misères du monde qui se devinent plus qu'ils ne s'expriment : en cette enceinte, on n'examine pas le fond des dossiers, juste si la procédure a été respectée.
Pour défendre José, un Colombien de 30 ans, l'avocat sort sa botte secrète. Selon lui, la procédure est nulle car il manque une pièce : le «proc