Air Lib, c'est l'histoire d'une catastrophe industrielle commencée en 2001 qui, depuis hier, est en passe de s'achever devant le tribunal correctionnel de Paris, qui va juger jusqu'au 20 juin son ancien PDG, Jean-Charles Corbet, et cinq autres prévenus. Il y a six ans, alors que la société AOM-Air Liberté est au bord du dépôt de bilan, Jean-Charles Corbet, alors pilote de ligne chez Air France, veut sauver cette compagnie concurrente. Il se jette à l'eau, cherche des investisseurs, crée une société qu'il baptise Holco, et enfin présente son projet au tribunal de commerce de Créteil. Un pari risqué. Il l'avoue lui-même au tribunal : il savait que «ça ne marcherait pas». Belle intuition puisque le 17 février 2003 Air Lib est en liquidation judiciaire et licencie 3 200 personnes. Trois ans de gestion opaque, de comptabilité hasardeuse, de transferts d'argent douteux.
Obstination. Et voici Corbet à la barre, poursuivi pour abus de confiance et abus de biens sociaux. La cour l'interroge néanmoins sur son obstination à vouloir monter ce projet. La faute au tribunal, dira le prévenu : «Je n'ai pas de réponse, si ce n'est que le tribunal de commerce de Créteil est d'une grande incompétence.» L'homme, 54 ans, costume gris sans cravate, tente de se défendre comme il peut. Il esquive souvent, répond parfois franchement. Mais sa carte maîtresse, c'est celle de l'incompréhension. Soupçonné entre autres d'avoir détourné 5 millions d'euros vers une de ses filiales et plus de 9