Michel Kokoreff est sociologue à Paris-V et a dirigé une enquête sur les émeutes de 2005 en Seine-Saint-Denis (1) pour le compte du Centre d'analyse stratégique, rattaché au Premier ministre.
Comment accueillez-vous la révélation du rapport secret de l'Inhes ?
La sortie de ce rapport dans la campagne électorale est étonnante. Tout le monde sait que Sarkozy a obtenu de mauvais résultats en ce qui concerne les atteintes aux personnes. S'agit-il d'une manoeuvre pour brouiller cette question et ne pas laisser à la gauche le monopole des discours sur les mauvais chiffres de la délinquance ? C'est une hypothèse qui cadre avec sa campagne présidentielle, où Sarkozy s'est efforcé de ne pas laisser à ses adversaires le monopole des interventions sur des thèmes précis. Autre hypothèse à propos de la fuite de ce rapport, le gouvernement donne des gages aux syndicats de police et surtout à l'Unsa-Police, qui est arrivé premier aux dernières élections professionnelles, en reconnaissant la pertinence de la colère des policiers. En même temps, si ce rapport appelle à resserrer les liens entre police et population, il est en complet décalage avec la politique d'ordre menée par Sarkozy depuis cinq ans. Je serais tenté d'y voir une stratégie de communication, celle de la parole qui ne sera pas suivie d'effets : il s'agit de taper dans le camp de la gauche sans changer d'orientation.
Quelle est votre analyse sur la Seine-Saint-Denis ?
Le vrai problème, commun à bien des quartiers populaires, c'est