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Libération

Affaire Borrel : Chirac a aidé Djibouti aux dépens de la justice

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publié le 12 juin 2007 à 8h16

«Nous sommes votre premier partenaire au développement, votre premier partenaire commercial. Nos relations sont excellentes à tous points de vue. Il n'existe qu'une seule ombre à ce tableau : l'affaire Borrel.»

On est le 17 mai 2005, à l'Elysée, où Jacques Chirac reçoit son homologue de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, dit «IOG». A cette époque, l'enquête judiciaire ouverte à Paris sur la mort de Bernard Borrel, ce magistrat français assassiné en 1995 à Djibouti, commence à se rapprocher de la présidence djiboutienne. Dangereusement aux yeux d'IOG, qui réclame copie du dossier à la France. La juge d'instruction Sophie Clément lui oppose un refus clair et net. C'est dans ces circonstances que Chirac va faire à son ami africain, très en colère contre la justice française, une incroyable suggestion : Djibouti n'a qu'à saisir la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, pour obliger la justice française à lui transmettre le dossier et pour «mettre à néant» les convocations dans le bureau de la juge Clément des hauts représentants djiboutiens, dont celle du procureur général et... la sienne.

Base stratégique. Nouvellement réélu après avoir été le seul candidat (Chirac lui assure que «l'absence de candidat est un aveu de faiblesse de la part de l'opposition»), IOG revient d'un déplacement à Washington, où il a rencontré Condoleezza Rice ainsi que les représentants de la Banque mondiale et de l'USAID, Agence américaine pour le développement intern