Monaco envoyé spécial
L'orage gronde sur Monaco, et la foudre tombe jusque dans le tribunal. A la barre, Jean-Christophe Hullin, 44 ans, témoigne. Il a été juge d'instruction dans la principauté. Il ne l'est plus, désormais à Paris. Et il balance, sur cette justice monégasque qu'il a quittée «dans des conditions exécrables». Premier scoop : «Très fréquemment, le procureur général venait me dire quelle peine serait attribuée à quelqu'un.» Selon le juge Hullin, avant certains procès, le procureur (à l'époque, Daniel Serdet) connaissait la décision. Gênant. Ainsi, la peine infligée en 2002 à l'Américain Ted Maher (dix ans de réclusion, pour avoir provoqué l'incendie qui a causé la mort du banquier Edmond Safra) «avait été fixée à l'avance». Enorme. La présidente de la cour d'appel, Monique François, s'inquiète : cet usage prévaut-il, «y compris pour cette cour d'appel» ? Le juge la rassure : «Non.» Ouf.
Puis il continue. Les magistrats français en poste à Monaco ? «Certains n'ont un comportement ni loyal ni moral. Pour eux, être à Monaco, c'est une villégiature.» Il parle d'«autocensure permanente». A ce moment, tous les magistrats, au balcon, écoutent attentivement. La présidente : «Ils ne sont pas professionnels parce qu'ils ne travaillent pas ?» «C'est le moins qu'on puisse dire !» affirme le juge.
Krach. Entre lavage de linge sale en public et psychanalyse collective, l'audience a des airs de jamais vu. Ça hurle entre avo