Le juge Bernard Borrel était chargé d'une enquête sur Ismaël Omar Guelleh au moment où il a été assassiné, en octobre 1995. C'est ce que viennent de révéler plusieurs militaires français à la juge Sophie Clément, qui enquête sur la mort de Bernard Borrel, longtemps déguisée en suicide par les autorités françaises et djiboutiennes.
«IOG», président de la République de Djibouti, était à l'époque suspecté de divers «trafics» par le ministre de la Justice de l'ancien gouvernement, Moumin Badon Farah. Le magistrat français, conseiller de ce ministre, était officiellement chargé de la refonte du code pénal de Djibouti. Officieusement, il avait donc une bien autre tâche. La nature des supposés trafics de Guelleh n'est pas précisée, mais Djibouti a la réputation d'être un lieu de transit pour les armes, la drogue, voire les matières fissiles. Ces trafics auraient de surcroît impliqué des résidents français.
La mission secrète du magistrat a été évoquée pour la première fois le 27 juin au palais de justice de Paris. L'ancien adjoint au chef du 2e bureau de renseignements militaires, alors en poste à Djibouti, a été entendu par la juge Sophie Clément.
Farfelu. «Nous étions sidérés de voir que l'on pouvait parler de suicide concernant Bernard Borrel, témoigne cet ancien militaire. Pour nous, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'un assassinat. L'hypothèse d'un suicide était farfelue pour toute personne connaissant la zone. Il y avait de graves menaces