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Apparat chic

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Battu en brèche après Mai 68, revenu en grâce chez les puristes du barreau, l'habit de la cour conserve son aura symbolique.
publié le 19 juillet 2007 à 8h51

Rachida Dati a prêté serment dans celle de Simone Veil, sa protectrice devancière. Jean-Marc Varaut, ténor du barreau parisien, s'est fait enterrer dans la sienne. Magistrats et avocats, gens de robe, entretiennent un rapport particulier à leur habit de travail. Objet qui, contrairement à la blouse de chirurgien ou au casque de chantier, n'a aucune utilité concrète : c'est du pur symbole.

La prestation de serment, en groupe, laisse un souvenir intense, mais mitigé. «La première fois, on se sent mal à l'aise, comme le gars qui vient d'acheter des souliers vernis», raconte Dominique Coujard, président d'assises. «On se dit voilà : je suis dedans. C'est un signe d'appartenance et de devenir», se remémore Me Jean-Yves Leborgne, avocat parisien.

Michel Lernout, substitut à Evry, se souvient qu'un mouvement antirobe avait émergé dans les suites de Mai 68. Nombre de jeunes magistrats rejetaient alors cette vêture évocatrice des parlements de l'Ancien Régime. A l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), un groupe de travail plancha sur l'habit judiciaire, réfléchit à la manière de l'adapter à l'époque contemporaine. On sollicita de grands couturiers. Mais, tellement ancrée dans la tradition, la robe résista.

De nos jours, elle connaît même un regain de popularité. Dominique Coujard : «Quand j'ai commencé, il y a près de 40 ans, je la trouvais inutile. Maintenant, je pense que c'est un code lisible pour tous, très précieux dans une société complexe comme la nôtre.