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«Chopin est-il français ? Et Marie Curie-Sklodowska ?»

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Christophe Jussac réfute l'idée que l'immigration polonaise aurait été facile.
publié le 21 juillet 2007 à 8h52

Il préfère parler d'«enracinement». Parce que «l'identité nationale» recèle plusieurs sens, selon la «charge émotionnelle» qu'on y met. Parce la France s'est faite «de bric et de broc» et pas autrement. Il cite des grands noms : «Chopin était-il français ?» Et «Marie Curie ?» Il complète : «Curie-Sklodowska.».» Première femme honorée par la Nation au point d'être transférée au Panthéon, «elle aurait trouvé la question saugrenue», pense -t-il. Christophe Jussac a un nom bien français. En réalité, il a laissé tomber son deuxième patronyme, la partie «à tiroir», celle qui entraîne la question : «Comment ça s'écrit ?» Il est né à Cracovie, en 1951 ; il a quitté la Pologne à 3 ans avec ses parents pour Paris. Chez lui, il parlait le français. Alors on se demande d'où lui vient ce très léger accent qui pimente ses phrases. Et, surtout, si après des décennies ici, il ne le cultive pas un peu. Sourire aux lèvres, il ne dément pas.

Paroisse. La bibliothèque polonaise, sur l'Ile-Saint-Louis, où Christophe Jussac a donné rendez vous fut fondée en 1838. Preuve d'un «enracinement» ancien qu'il prend plaisir à décrire. Dans l'Est et le Nord, les mineurs et les ouvriers polonais ont «fait souche».«Ils se sont intégrés par le travail et l'action commune, mais il y avait toujours l'école polonaise et la paroisse. L'identité reposait sur ces sentiments d'appartenance plus que sur une hymne ou un pas