Menu
Libération
Série

Bientôt le seuil du soixantième jour de jeûne

Article réservé aux abonnés
Evacués le 1er août, les sans-papiers errent entre commissariats et hôpitaux.
publié le 13 août 2007 à 9h10

Lille

correspondance

C'est un camping improvisé sous la pluie. A la sortie de la station de métro CHR-Calmette, une dizaine de sans-papiers grévistes de la faim sont couchés à même le sol, sur des couvertures empilées, bien alignés pour profiter du maigre abri qu'offre une corniche, recouverts des bâches de plastique. Au-dessus d'eux, ils ont fixé des morceaux de ­carton : «En grève de la faim depuis 57 jours.» A côté, des gens attendent le bus. Une passagère s'indigne : «On attend quoi ? Qu' ils meurent ?»

Ils sont une soixantaine à avoir été expulsés de la Bourse du travail le 1er août, embarqués au centre de rétention, relâchés par les juges des libertés et de la détention, et, depuis, naviguant entre la rue, les commissariats et les hôpitaux.

Le circuit est devenu habituel : passage aux urgences, prise de sang, quelques heures d'hospitalisation pour les cas les plus sérieux, puis retour dans la nature. A l'hôpital de Roubaix, un sans-papiers a été hospitalisé ce week-end. Il a frôlé le coma hypoglycémique. Les interventions policières sont fréquentes. En début de semaine, quatorze grévistes avaient trouvé ­refuge à proximité des urgences. Il suffisait de monter une rampe, pour accéder au service et utiliser les sanitaires. La police les a forcés à se déplacer. Le jeu du chat et de la souris se poursuivait hier, avec plusieurs confiscations de tentes dressées pour les abriter. Le collectif des sans-papiers rappelle que les grévistes vont ­arriver au seuil