Sainte-Croix-Vallée-Française
envoyée spéciale
Le squat de la Picharlerie, ancienne ferme perchée sur une crête cévenole, abri de résistants entre 1943 et 1944, n'est plus qu'un tas de pierres abandonnées sous les châtaigniers. Un mois après le passage de la pelle mécanique, il reste encore des livres coincés sous les murs de schiste abattus par l'engin. «Des images de guerre», soupire Jean-Claude Pigache, un élu local. Le préfet de Lozère Paul Mourier n'a pas lésiné sur les moyens. Le 11 juillet au petit matin, il fait venir une cinquantaine de gendarmes pour «exécuter la décision de justice de procéder à l'expulsion des squatteurs». Les gendarmes surveillent ensuite la destruction du bâtiment en présence du propriétaire Freddy Dhombres, pasteur retraité et de Jacky Plantier, le maire (de droite) de Moissac-Vallée-Française, village de 228 habitants dont dépend la Picharlerie.
Ondes brouillées. Ce jour-là, sept véhicules de gendarmerie contrôlent les routes autour du site, pourtant isolé au bout de six kilomètres de piste caillouteuse. Des témoins rapportent que les ondes sont brouillées, empêchant les communications par téléphone portable. Dans cette vallée surplombée par la corniche des Cévennes, c'est la stupeur. D'autant plus que les gendarmes n'ont trouvé sur les lieux qu'un voyageur de passage, contrôlé et laissé libre. Depuis, tout le monde s'interroge. Pourquoi raser un lieu qui a hébergé plusieurs maquis ? Et pourquoi utiliser un tel déploi