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Libération
Interview

«On risque de retrouver un mort sous une bâche»

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publié le 13 août 2007 à 9h10

Le Dr Régis Garrigue est médecin urgentiste. Il travaille au Samu de Lille. Ce n'est pas dans ses habitudes de parler publiquement. Mais là, depuis l'expulsion de la Bourse du travail, le 1er août, des sans-papiers en grève de la faim depuis le 15 juin, ce qu'il voit l'inquiète au plus haut point.

Pourquoi cette inquiétude ?

Vu la situation éclatée, sans repères, j'ai peur qu'un jour on arrive avec une ambulance du Samu et que l'on découvre une personne sans vie.

Aujourd'hui, à Lille, les sans-papiers en grève de la faim sont précarisés. Ils sont certes libres, mais dispersés, invisibles. Après avoir été évacués il y a deux semaines par la police de la Bourse du travail où ils s'étaient regroupés, on les voit errer, sans abri et sans aucun suivi médical, alors qu'ils risquent, après bientôt soixante jours de grève de la faim, de graves séquelles. Cet isolement met leur vie en danger. Seuls les hôpitaux, les urgences, le Samu et, plus généralement, le service public hospitalier leur permettent de maintenir un accès aux soins d'urgence. Mais ce n'est pas suffisant.

Que peuvent faire les services d'urgence ?

Depuis quelques jours, nous sommes confrontés à plusieurs cas de figure. Parfois, ils arrivent en groupe, de 5 à 10. Ils sont examinés, et hospitalisés s'il y a signe de gravité. Et les autres, on leur dit d'aller voir leur médecin, mais ils n'en ont pas.Vendredi soir, par exemple, nous avons été appelés. Là, on découvre qu'ils sont plus d'une vingtaine. Ils sont transis de froi