Cher Remy Artiges, il y a quelques jours, je ne vous connaissais pas. Vous m'avez dit que vous étiez photographe, que vous aviez parcouru à pied, en dix-huit jours, le chantier du TGV Paris-Strasbourg, que vous prépariez une exposition et que vous souhaitiez que j'écrive un texte. Cela, parce que vous avez lu un livre que j'ai écrit il y a plus de quinze ans - autant dire la Préhistoire - qui racontait aussi un voyage, sur les soixante kilomètres de la ligne B du RER, en nous arrêtant à chaque station, mon amie photographe Anaïk Frantz et moi. En vous entendant, je me suis rappelé Cartier-Bresson : «Le photographe, cet être qui va à pied». Et j'ai pensé de vous : en voilà un qui doit être de la famille. Il faut encore que je vous dise : je suis de ceux qui, vers leur vingtième année, ont été marqués par cette formidable exposition des grands photographes de l'époque : «The Family of Man». Le lendemain, vous avez déposé vos photos. Je ne sais rien de plus. Ni pourquoi, ni comment. Les photos sont là, nues, nettes, muettes d'abord. Aucun commentaire, ni déclaration d'intention. Une situation idéale, en somme, pour une authentique découverte. Il faut les faire sortir de leur silence. Je les regarde, mais elles : me regardent-elles ? Je veux dire : quand je les regarde, est-ce qu'elles me parlent de quelque chose qui me regarde ? Parce qu'elle est bien loin, dans vos photos, la grande famille des hommes. Je vous l'ai dit : la Préhistoire. Bien sûr, je peux m'étendre sur
Reportage
Train fantôme
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par François MASPERO
publié le 22 août 2007 à 9h18
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