«Vous vous rendez compte ? Treize grèves de la faim depuis 1996 !» A chaque conférence de presse, le préfet du Nord, Daniel Canépa, s'en étonne. Sa mission ? Casser «l'équation grève de la faim égale régularisation». Désormais, s'exclame-t-il, «grève de la faim égale reconduite à la frontière. C'est cela, la rupture».
Exception. Dans le Nord, la mobilisation permanente des sans-papiers a créé un climat d'exception : ici, les régularisations sont plus nombreuses qu'ailleurs. L'histoire commence en mai-juin 1996, l'année de l'occupation de l'église Saint-Bernard à Paris. Un groupe de parents sans papiers se lance dans une grève de la faim. Ils sont dans un no man's land juridique à la suite des lois Pasqua. Ils ne peuvent être expulsés parce que leurs enfants sont français, mais ils n'ont pas le droit de travailler. Ils seront finalement régularisés. «C'est dans la foulée de cette victoire que s'est créé le CSP, le comité des sans-papiers», se souvient Annick Battallan, de la Ligue des droits de l'homme. «Pour nous, c'était une excellente chose, cette autoorganisation des sans-papiers. Ils sortaient de leur clandestinité pour lutter.»
Ensuite, les grèves se sont échelonnées à un rythme élevé, avec plus ou moins de succès. Jusqu'au mouvement de 2004, où il y aura 450 grévistes à Lille. Un médiateur est nommé par le gouvernement Raffarin, le conseiller d'Etat Jean-Marie Delarue. Outre les régularisations qu'il accorde, il met en place