«Mais on n'est pas freinés, nous, m'sieur, on est même plutôt rapides», avaient fait savoir les CM1-CM2 du groupe scolaire Concorde à leur enseignant Sylvain Hannebique, un jour qu'ils avaient appris par hasard qu'ils étaient des «élèves Freinet». Tous ensemble, ils avaient alors décidé de prendre trois heures pour tirer les choses au clair sur cette curieuse dénomination. Freinet, comme Célestin Freinet, ce pédagogue de la première moitié du XXe siècle qui s'était attaché à promouvoir un enseignement différencié, basé sur les principes de la démocratie directe. Cela valait bien une mise au point : sans ces méthodes alternatives, ils n'en seraient sans doute pas là.
Dans cette école maternelle et primaire de Mons-en-Baroeul (Nord), il y a bien un avant et un après Freinet. Avant septembre 2001 et l'arrivée d'une équipe de 9 enseignants issus de ce mouvement, la situation était des plus critiques. D'abord sur le plan des résultats : 10 % en dessous de la moyenne nationale aux évaluations de français à l'entrée en sixième, et 15 % en dessous en mathématiques. En prime, des «phénomènes de violence importants», comme le notait l'inspecteur de l'Education nationale pour la circonscription de Lille dans son rapport d'étape : «Bagarres entre élèves ou entre parents dans la cour, agressions verbales à l'encontre des maîtres devenues monnaie courante.» Enfin, avec une chute des effectifs de 114 élèves à 85 en quatre ans pour l'école élémentaire, le groupe s