Les témoignages publiés par Libération le 21 août sur la difficulté pour obtenir une carte d’identité continuent de provoquer des réactions et des témoignages. Ceux-là ne sont pas des anonymes. Le grand public les connaît, peu ou prou. Cet imbroglio administratif les fait sortir de leurs gonds.
Démarche. Pierre Schapira, d’abord. L’adjoint au maire de Paris, chargé des relations internationales et de la francophonie, né en Algérie en 1944, n’avait jamais parlé de cette histoire à personne. «Je l’ai longtemps gardée pour moi de manière un peu bête», confesse-t-il. N’empêche. Vers 1987, il est allé refaire sa carte. «On m’a dit : Prouvez que vous êtes français. » Là, il a vu rouge. Son père est né en Algérie. Sa mère aussi. «Française par le décret Crémieux.» Schapira est inscrit à l’ordre des chirurgiens-dentistes.
C’est son métier.«Et pour être inscrit à l’ordre il faut être français», dit-il. Schapira égrène ses titres. Il est élu à Paris, membre du Conseil économique et social depuis 1984, député européen, et, ce qu’il ne dit pas, très proche de Lionel Jospin. «J’ai failli casser la vitre», s’énerve-t-il encore aujourd’hui. «Mes deux grands-pères ont fait la guerre de 14, on venait d’Algérie, on était français, c’est tout.» Heureusement, raconte-t-il, ce jour où il effectue sa démarche, un fonctionnaire né en Algérie comme lui est intervenu, et a tranché : «J’arrange le coup.» Mais le mal était fait. Schapira trouve cela «humiliant». Il ne veut pas refaire la démarche, ne pa