Pour la première fois en France, un témoin sous X a été auditionné vendredi matin pendant un procès grâce à un système de visioconférence qui brouille la voix et occulte le visage. Cet habitant des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (Essonne), qui a dénoncé des jeunes de la cité pour l'agression gratuite de deux CRS le 19 septembre 2006, a ainsi été protégé d'éventuelles représailles. Il a bénéficié de ce statut de témoin anonyme permis par la loi depuis trois ans dans le but de briser l'omerta qui règne dans certains quartiers.
«Insécurité». «Monsieur X», comme l'a appelé le président du tribunal d'Evry qui juge sept garçons des Tarterêts pour «violences aggravées» et/ou «dégradations», a d'ailleurs expliqué qu'il a été incité à la délation par «des tracts avec des numéros verts distribués dans les boîtes à lettres» des HLM par la police : «J'ai décidé de parler parce que j'en avais marre de l'insécurité, et que j'avais déjà été agressé et hospitalisé quatre ans avant, mais c'était pas eux», dit-il à distance.
L'homme se trouve dans un local à Paris en compagnie de deux officiers de police judiciaire et d'un technicien. Le tribunal, les victimes, les sept prévenus, les avocats et les douze journalistes autorisés assistent à cette audience, huis-clos partiel dans la bibliothèque du palais de justice d'Evry. Sur l'écran, on ne voit de Monsieur X que sa silhouette derrière un store vénitien bleu. On peine à comprendre ses paroles, trop alt