Saint-Nazaire
envoyé spécial
C'est un dialogue de sourds. Une partie de ping-pong entre deux rangs d'accusés depuis le 8 octobre. Durant les premiers jours du procès de l'effondrement de la passerelle du Queen Mary 2 qui a entraîné la mort de 16 personnes et fait 29 blessés le 15 novembre 2003 aux Chantiers de l'Atlantique, chacun s'est renvoyé la balle. Qu'il s'agisse des quatre employés de la société Endel ayant fabriqué l'ouvrage ou des quatre salariés des Chantiers de l'Atlantique chargés de le réceptionner, tous prévenus d'homicides et blessures involontaires, chacun estime avoir accompli sa tâche sans faillir. Et si, pour les Chantiers, il y a «un problème de construction» imputable à Endel, cette entreprise s'en tient à une seule explication : la passerelle n'était pas faite pour recevoir des visiteurs.
Egalement sur le banc des accusés, Thierry Franck de Préaumont et Patrick Boissier, les PDG d'Endel et des Chantiers de l'Atlantique, comparaissant comme personnes morales, ne voient pas quels reproches ils pourraient adresser à leurs collaborateurs. Ce jour-là pourtant, à 14 h 22, alors que des centaines de personnes étaient attendues pour visiter, à quelques semaines de sa livraison, ce qui était alors le plus prestigieux paquebot jamais construit à Saint-Nazaire, l'unique passerelle ouverte au public et faite de tubulures métalliques s'est écroulée de dix-huit mètres de haut avec les 45 personnes qui s'y trouvaient.
Pour Olivier Chauveau, titulaire