Il faisait encore nuit. Quelques tentes installées depuis un mois rue de la Banque, dans le IIe arrondissement de Paris, étaient vides. Leurs occupants - employés d'entreprises de nettoyage - étaient déjà partis travailler. Les autres dormaient encore. «Vers 5 h 45, on a vu affluer des camionnettes des forces de l'ordre à l'angle de la rue, témoigne Benoîte Bureau, une militante du DAL (Droit au logement). Ensuite, une centaine de gendarmes mobiles ont envahi le campement. Ils ont commencé à secouer les tentes, demandé aux gens de prendre leurs affaires et de sortir.»
Cette intervention est la quatrième du genre depuis l'installation du campement le 3 octobre, au pied du Ministère de la crise du logement, un immeuble squatté devenu le QG d'associations de mal-logés (DAL, CAL, Macaq, Jeudi noir du logement). Trois autres opérations avaient eu lieu manu militari le 5 octobre à 4 h 30, le 9 à 5 h 30 et le 11 à 17 h 00. Hier matin, les tentes ont été pliées, chargées dans un camion et emmenées par les gendarmes. Ces évacuations à répétition témoignent de la volonté du gouvernement d'empêcher tout abcès de fixation, comme le campement des Don Quichotte, l'hiver dernier sur les bords du canal Saint-Martin. Ces dernières semaines, d'autres expulsions de personnes installées dans des tentes ou des cabanes ont eu lieu autour de Paris, notamment porte de Bagnolet.
«Il y a quarante ans, les pouvoirs publics s'attachaient à résorber les bidonvilles. Ils relogeaient l