Ils essayent de l'attendrir, de gagner sa sympathie ou de susciter sa pitié. Lettres, coups de fil, rendez-vous, assauts à l'improviste, sourires enjoués ou pleurs déchirants, tous les moyens sont bons. Ils sont 1 800 sur la liste d'attente pour avoir une place en crèche dans le XIXe arrondissement de Paris. Dont 708 bébés nés cette année. A la permanence d'Halima Jemni, l'adjointe chargée de la petite enfance, le défilé des candidats ne s'interrompt jamais. Et encore, avant, la situation (comme dans le reste de la capitale) était pire. «Mille places ont été créées dans l'arrondissement lors de la précédente mandature.» Cela monte l'accueil en crèches à 3 367 enfants dans cet arrondissement.
Laura (1) est née en mars. Sa mère, 42 ans, pull rose et banane autour des hanches, cheveux tirés en queue-de-cheval et sans maquillage, s'installe face à l'adjointe. Elle est gardienne d'immeuble. «Comme je suis seule, la petite est avec maman à Valenciennes.» Le père n'a pas reconnu l'enfant. Elle a repris le travail mi-août. «C'est dur d'avoir sa fille à 200 km. Le soir, je rentre, son lit est vide». «Femme seule, sans famille ici, grossesse tardive : votre dossier est prioritaire», lui répond l'élue.
«Pression terrible». Arrive une autre mère. La trentaine, rouge à lèvres, petites lunettes, elle est bibliothécaire. Elle insiste sur les atouts de la crèche : elle apprécie la «pédagogie», «la concertation de l'équipe», «la socialisation pr