Telle qu’elle est, la carte scolaire n’est pas satisfaisante : elle entérine les inégalités sociales et scolaires. Mais sa libéralisation, mise en œuvre depuis 2007, aggrave ces inégalités. En donnant le choix aux familles, la réforme accentue la fuite hors des établissements des quartiers pauvres et accroît la relégation scolaire dans ces quartiers. Une autre réforme de la carte scolaire est possible. On pourrait mieux réguler les fuites en ne permettant les choix que dans la mesure où ils n’engendrent pas d’importants déséquilibres démographiques et sociaux entre écoles, en favorisant une concertation étroite entre chefs d’établissements et en évaluant régulièrement les conséquences des mouvements des populations scolaires. Mais le problème central est celui de la dégradation de la qualité de l’offre scolaire dans les quartiers les plus pauvres. Nous ne réglerons la question de la carte scolaire de manière équitable que le jour où l’école ne donnera plus aux familles de bonnes raisons de fuir les établissements de ces quartiers - qui sont les moins mixtes, les moins efficaces et les plus inégalitaires.
Comment faire ? L’offre scolaire répond à une curieuse logique : elle donne moins à ceux qui ont moins - moins aux enfants des quartiers modestes qu’à ceux des quartiers riches. Il faut faire l’inverse : donner plus à ceux qui ont moins. Les zones d’éducation prioritaire (ZEP) reposent sur cette logique simple : donner plus aux territoires défavorisés. Leurs résultats sont po