On le verrait bien en Pierrot lunaire, plus difficilement en Zola. Voix lente, sourire paisible, petites lunettes, faux airs de grand Duduche : Jean-Jacques Reboux, auteur de polar et éditeur, n'a a priori rien pour faire trembler l'Etat. S'il se dit «anar», c'est plus tendance sous-préfet aux champs que Netchaïev. Un peu malgré lui pourtant, il est devenu le champion d'un combat qui monte : celui qui s'oppose à l'outrage, ce délit dont n'importe quel représentant de l'ordre se sentant insulté peut accuser le citoyen qui l'incommode. «Il est d'une hypersensibilité totale, dit Gilles Del Pappas, un de ses auteurs. Le moindre truc le perturbe.»
Le 24 juillet 2006, Jean-Jacques Reboux est dans sa voiture, avenue de Clichy, à Paris. Le feu est rouge. Il attend, puis démarre. Sa voiture, un rien âgée, peine un peu. Deux policiers l'arrêtent. «Les papiers du véhicule, s'il vous plaît.» Il les donne. L'un des deux lui annonce alors qu'il va avoir un PV pour «obstruction à la circulation». Reboux s'étonne et conteste l'infraction. Poliment. Le policier lui demande de se calmer, ce qui a l'effet inverse. Il persiste à contester : on l'inculpe d'outrage. Reboux prend son portable, avertit sa compagne qu'il sera en retard pour «des démêlés avec un flic maboul». Lequel entend et appelle deux motards. Jeté à terre, menotté aux bras et aux chevilles, le délinquant est emmené au commissariat où il passera trois heures pénibles. Il en sortira révo