Que celle ou celui qui n’a jamais trempé une paire de Knacki dans un pot de moutarde un soir de fringale tardive ou de blues nocturne nous jette la première pierre ! A nous, les fondus du moutardier, tristes comme un jour sans condiment quand nous avons appris LA nouvelle : la moutarde de Dijon ne sera bientôt plus de Dijon. La faute au groupe Unilever qui a annoncé la fermeture de l’usine historique d’Amora (296 suppressions d’emploi pour les syndicats, 265 selon la direction) dans la capitale bourguignonne.
Tout fout le camp même dans l'assiette. Pourtant, cela a toujours été écrit dessus : «Amora, moutarde de Dijon.» On savait à peine lire que déjà on déchiffrait à hauteur de table de cuisine l'auguste phrase sur les verres sérigraphiés à la gloire d'Astérix ou de Spirou. La moutarde est de Dijon, comme la bêtise est de Cambrai ou l'andouillette de Troyes. Et tous les morfales du grand profit délocalisé, qui d'un trait de plume écornent nos mythologies, n'y changeront rien. Faudra-t-il manifester place d'Arcy, convoquer les ami(e)s du jambon persillé et des œufs en meurette sous la porte Guillaume pour signifier notre attachement à Dijon la savoureuse, berceau fondateur d'Amora où la marque fut déposée en 1919 ?
Picon-bière. Camarades, qui l'aimez fine et forte, à vos fourneaux pour que vive la moutarde de Dijon cet ingrédient dénominateur commun de nos cuisines, petites ou grandes, fauchées ou dispendieuses… Souvenez-vous de vos côtes de porc à la