Propos de couloirs entre deux avocats s'apprêtant à défendre un patron : «Tu as qui en face?»«Mercier.»«Ah ben mon pauvre, c'est pas gagné!» A 65 ans, la réputation de Guy Mercier n'est plus à faire, tant au conseil de prud'hommes d'Alençon (Orne) qu'à la cour d'appel de Caen (Calvados).
Demain, 18 millions de salariés du privé votent pour renouveler les conseils de prud'hommes, où se jugent les conflits individuels du travail. Conseiller prud'homal, Guy Mercier l'a été pendant dix ans, de 1987 à 1997. Puis il est passé de l'autre côté de la barre, comme défenseur syndical CFDT. Et dans ce rôle, il peut être redoutable.
Nombre de gens ignorent qu'aux prud'hommes, la présence d'un avocat n'est pas obligatoire. On peut s'y présenter seul ou accompagné d'un défenseur bénévole agréé par un syndicat. C'est ce que fait Guy Mercier. Depuis qu'il est à la retraite, il y consacre le temps que lui laissent ses deux filles, ses trois petites-filles et ses multiples engagements dans la vie locale et départementale à Putanges-Pont-Ecrepin, le bourg de l'Orne où il habite. Aux dernières élections cantonales, il s'est encore présenté sous l'étiquette «divers gauche» contre le conseiller général sortant UMP, Amaury de Saint-Quentin.
«Ma première affaire, raconte-t-il, je l'ai perdue. Et c'est ce qui m'a décidé à me lancer dans la défense des salariés. Je me suis dit que ce n'était tout simplement pas possible de perdre face à de telles injustices.» C'é