La photo date du 11 novembre. Elle montre les officiels en rangs d'oignons, rassemblés pour la commémoration de la libération de Thionville, en 1944. Jean-Marie Demange est au centre, coincé entre un commandant de police et un colonel de l'armée de terre au garde-à-vous. Petit, mince, les cheveux gris, de fines lunettes. Teint pâle, lèvres pincées, regard abattu. Il a l'air absent. «Quand j'ai vu son visage, j'ai compris qu'il n'était pas bien. Il a eu cette attitude pendant toute la cérémonie» , se souvient Philippe Neu, reporter photographe au Républicain lorrain et auteur du cliché.
La photo paraît une semaine plus tard dans le quotidien régional, en pages spéciales. La veille, au cours d’une violente dispute, l’élu a frappé et tué par balles Karine Albert, 43 ans, divorcée et mère de deux enfants, avec laquelle il avait eu une longue liaison. Puis Jean-Marie Demange, 65 ans, marié et père d’un fils, s’est suicidé d’un tir dans la tempe. Le procureur de la République de Thionville a confirmé la nouvelle lors d’une conférence de presse dans la bibliothèque du tribunal, sur la rive gauche de la Moselle, à deux pas de la mairie que Jean-Marie Demange a occupée de 1995 à mars 2008.
Le 17 novembre au soir, les 42 000 habitants de Thionville ne parlent que de ça. «Un geste de fou, de déjanté», commente l'un d'eux. La mémoire collective locale aurait pu retenir de l'ancien maire UMP qu'il avait forgé cette «nouvelle image urbaine pour Thionville»