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Libération
CHRONIQUE

Lentilles de contacts

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les fOODINGUES. Chaque jeudi, passage en cuisine et réveil des papilles.
(Flickr/Shamanyx)
publié le 11 décembre 2008 à 6h51

C'est une histoire d'amitiés autour d'un plat : le petit salé aux lentilles. Une bande de copains d'enfance qui se retrouvent de loin en loin autour d'une cocotte fumante de lentilles vertes garnies de salaisons et de viandes fumées. D'où vient la recette ? Personne ne le sait, mais toujours revient le souvenir enluminé des dimanches de l'adolescence où François, Thierry, Joël s'échinaient autour d'une grande table carrée sur la mécanique de Newton, le calcul intégral ou la Critique de la raison pure, avant qu'une main bienveillante ne dépose devant eux de généreuses assiettes de lentilles et de palette de porc, qui faisaient oublier l'affreux brouet de la cantine du lycée.

Grande tablée. La légende du petit salé s'est bâtie autour de cette nourriture réconfortante dans la vacuité dominicale et l'angoisse du Bac blanc. Elle s'est ensuite perpétuée, autour de marmites de jeunesse parfois déconcertantes, à force de danser le pogo devant les fourneaux. Si les grandes tablées se sont faites plus rares, le petit salé est demeuré un puissant adjuvant relationnel quand les liens des copains se sont distendus. Parfois, c'est le téléphone qui sonne un matin d'hiver : «Dis, tu mets du vin pour cuire les lentilles ? Moi non, mais tu peux.» Alors pour François, Thierry et les autres, voici la recette des jeunes années du petit salé aux lentilles : la veille, faire dessaler les viandes salées ou fumées (palette, jambonneau…) Le jour même, mettre les viandes dans une m