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Libération

Faire ses emplettes sans payer pour ne pas se priver

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la vie ric-rac. Chaque lundi, les répercussions de la chute du pouvoir d’achat.
publié le 15 décembre 2008 à 6h51

Une «vente» privée gratuite, c'est «fashion». Cette marque de baskets «stylées» organisait à Paris, la semaine passée, son «Noël avant l'heure». Pour en être, il fallait recevoir le mail. Ciblé presse-mode-pub, il pouvait être «forwardé» aux copains, mais pas à tout le monde. Il ne faut pas exagérer quand mêmecar, précise Sophie, l'organisatrice de la sauterie, «comme tout ce qui est gratuit et attrayant, nous sommes un peu victimes de notre succès».

Banane.Et c'est parti. Dans cette salle de fond de cour qu'on pourrait prendre pour une galerie d'art, les happy few interrogent ceux qui les devancent. «Vous attendez ? Vous êtes sur la mail list ?» Pas de bousculade. Ce ne sont que gens bien élevés et courtois. Chacun essaie ses paires, personne ne passe à la caisse, tout le monde repart avec la banane. C'est juste limité à cinq paires pour les hommes, et deux pour les femmes. Victor, 25 ans, graphiste, trouve que «franchement c'est de la bonne came». Il en a pris une pour lui, deux pour sa copine. «Prendre pour prendre, j'en suis pas là», dit-il. Magnanime, Victor trouve que «ce serait encore mieux dans une démarche d'aide vis-à-vis des plus pauvres». On l'admire, Victor. Stéphanie, elle, est repartie avec deux paires en lâchant : «On ne se sert pas jusqu'à l'écœurement.» Benoît, 25 ans, stagiaire dans une banque, lui, n'a pas de salaire, alors il a pris son comptant. On le comprend, Benoît.

Sop