Sur le parvis du Grand Hôtel, place de l’Opéra, ce matin, une trentaine de gendarmes main dans la main forment un arc de cercle, sous les regards médusés des badauds et clients. A l’intérieur de cette chaîne humaine improvisée, plusieurs dizaines de familles de l'association Droit au logement (Dal), qui avaient investi le salon central de l’hôtel depuis 11 heures, crient leur colère à grands coups de slogans.
Des familles, «venues se réchauffer en attendant un rendez-vous à Matignon». Une opération coup de poing du Dal, décidée la veille, «pour montrer à Sarkozy et Fillon qui sont dans de grands hôtels en vacances, qu'ils doivent s'occuper en priorité des sans-logis», confie, sur place, le président de l'association, Jean-Baptiste Eyraud.
A 12 h 30, l'évacuation – débutée sur réquisition-plainte de la direction – est quasiment achevée. Les derniers militants sortent, dûment escortés. Les plus récalcitrants sont soulevés et portés à l'extérieur de l'établissement, boulevard des Capucines. Il aura fallu à peine une demi-heure aux forces de l'ordre pour évacuer manu militari, les familles — en grande majorité des femmes avec enfants — et les militants du Dal.
«Une brutalité inutile»
«Ca fait deux semaines qu'on dort dehors. On est malade. On est venu se mettre au chaud et on se fait jeter à la rue comme des chiens avec nos enfants. On est choqué», explique Selmi, la trentaine, entourée de ses deux enfants. A quelques mètres de là, Nabila, 65 ans, est au bord des larmes