«Contrairement aux propos de l'article auquel j'entends répondre [pages Rebonds de Libération, 7 octobre 2008, ndlr] c'est bien un jour d'octobre 1968 que le MLF est né. Le 1er octobre, Monique Wittig, Josiane Chanel et moi-même, nous avons proposé pour la première fois une réunion entre femmes. Nous venions d'un comité d'action culturelle (le Crac) créé en mai 1968 dans la Sorbonne occupée, nous étions de gauche, mais sans lien avec une quelconque organisation politique. Auparavant, il n'existait pas de groupes non-mixtes indépendants. Cette non-mixité et cette indépendance politique programmées ont fondé l'identité du Mouvement de libération des femmes.
Il n’y a pas eu de génération spontanée. Plusieurs facteurs ont rendu possible cette rupture historique et ce saut qualitatif : l’entrée massive des femmes dans le monde du travail, la loi Neuwirth et les avancées techniques vers la maîtrise de la fécondité ; la crise de la conscience politique avec la décolonisation, la guerre d’Algérie et la guerre du Vietnam ; l’apport des penseurs des années soixante et le phénomène culturel de Mai 68…
Ainsi, d'octobre 1968 à mai 1970, date de la sortie publique du MLF à l'université de Vincennes, il y a eu deux années de réunions et d'actions à Paris et en banlieue, de voyages en Europe, de rencontres. Souvenirs, agendas, notes de réunions, tracts, photos, l'attestent. Les femmes qui ont vécu cette époque sont pour certaines toujours là, archives vivantes, actrices et a