Ils ne se sont pas jeté un regard. L'un est arrivé seul, l'autre entouré de toute une clique qui le soutient et remplit la salle. Claude Askolovitch, ancien journaliste au Nouvel Observateur, était poursuivi hier à Paris par le caricaturiste Siné pour diffamation. Le premier avait commenté une chronique, selon lui «antisémite», du second, parue début juillet dans Charlie Hebdo et avait prévenu : «C'est une affaire qui va faire beaucoup de bruit.» Effectivement, à l'été, les éditos flambent, les machines à pétition tournent, les intellectuels se déchirent : l'histoire est devenue «l'affaire Siné».
«Coup de boule». Askolovitch ne s'imaginait pas se retrouver lui-même au tribunal. Hier, à l'audience, Maurice Sinet, dit Siné, semblait très blessé des accusations du journaliste : «Si je l'avais vu en direct, il n'aurait pas eu un procès, mais un coup de boule», assène Siné, 80 ans. Les magistrats ne mouftent pas. «C'est lui qui est responsable de tout le bordel qui a suivi», estime Siné, qui, depuis, s'est fait renvoyer de l'hebdo satirique par Philippe Val. Hier, le directeur de la publication de l'hebdomadaire, cité comme témoin par Siné, ne s'est pas présenté.
Le 2 juillet, Siné, qui «sème la zone» (titre de sa chronique), écrit à propos du fils Sarkozy : «Jean Sarkozy vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée juive et héritière des fondateurs Darty.»<