Menu
Libération

Tout est bon dans le chicon

Article réservé aux abonnés
(Flickr / Jlastras)
publié le 19 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 19 février 2009 à 6h51)

C'était un soir d'hiver pluvieux à Bruxelles. On était aller cocooner sur une banquette de La Mort subite (1), cet écrin à bières et à petits bonheurs où l'on se régale du temps qui s'étire en buvant une Kriek à la cerise. On laissa la faim venir doucement, résistant à la tentation d'une tartine de salami ardennais, avant de flâner. Rue du Beurre, malgré la nuit, il y avait encore l'odeur chaude et sucrée des gaufres liégeoises. Plus bas, on repéra le Restaurant de la Bourse (2) et sa salle à manger dressée comme pour un repas de famille avec ses sets en papier, ses assiettes, ses couverts et ses carafes d'eau soigneusement alignés. Un écriteau posé sur la vitre acheva de nous convaincre d'y manger : «Chicons au gratin, 12,50 euros». Car c'est à Bruxelles que l'on s'est réconcilié avec cette chicorée de Witloof («feuille blanche» en flamand) que nous connaissons tous sous le nom d'endive et que l'on nomme «chicon» dans le Nord et en Belgique.

Mariage heureux. Longtemps, on a considéré ce légume d'hiver comme une punition quand il débarquait flasque, détrempé et amer sur la table familiale en quête de lyporédemption ou que l'on retrouvait raide comme un coup de trique et napalmé sous une sauce croûteuse à la cantine du lycée. Il a fallu quelques gorgées de Jupiler et la foi d'un mangeur de chicons pour nous convaincre d'y goûter à nouveau et d'accéder à la révélation bruxelloise de son mariage heureux avec la béchamel, le jambon, le fromage râpé et la