Catastrophe exceptionnelle, procès à l’avenant. Le 21 septembre 2001 à 10 h 17, l’usine AZF de Toulouse explosait, causant trente morts et des destructions inimaginables. Ce matin, dans la salle municipale Jean-Mermoz - de 500 à 600 places assises avec psychologues et permanences d’avocats installées sur place - le président du tribunal de grande instance de Toulouse, Bruno Steinmann, et le procureur de la République, Michel Valet, entameront pour trois ou quatre mois le procès en correctionnelle du plus gros accident industriel de l’après-guerre.
Vitres. Trois millions et demi d'euros de budget, 229 parties civiles, dont 210 personnes physiques et 19 associations, syndicats et mouvements politiques, 70 experts et témoins, 51 avocats, dont 5 pour la défense de Serge Biechlin, le directeur de l'usine Azote et fertilisants de Toulouse et celle de son propriétaire, la société Grande Paroisse, filiale du groupe Total. Tous sont prévenus pour «homicides et blessures involontaires, destructions et dégradations involontaires par l'effet d'une explosion ou d'un incendie et infractions au code du travail».
Le procès est hors normes, à la mesure de la catastrophe. Il en reste des images fortes. Les murs du lycée Françoise, face à AZF, qui tombent, les vitres du lycée Raymond-Naves à cinq kilomètres de là, qui éclatent. Les mères qui courent vers les écoles. Des blessés partout, parmi lesquels un jeune garçon à qui l’on trouve un morceau de verre fiché dans le c