L'affaire agglomère des conflits et des tensions si révélateurs de notre époque : vieux contre jeunes, génération aisée contre génération fauchée, propriétaire au patrimoine soumis à l'impôt sur la fortune contre démunis en quête d'un toit. Droit de propriété contre droit au logement. Tout est résumé dans l'histoire d'un petit immeuble à la façade étroite situé au 69, rue de Sèvres, dans le VIe arrondissement, juste en face du grand magasin le Bon Marché, dans l'un des quartiers les plus recherchés de Paris.
Ce bâtiment de 250 mètres carrés était vide depuis une dizaine d'années, jusqu'à ce qu'il soit squatté en avril 2008 par huit étudiants et jeunes actifs précaires, qui se définissent comme des «galériens du logement». En août, un jugement du tribunal d'instance du VIe arrondissement les a condamnés à verser des indemnités d'occupation atteignant à ce jour 53 525 euros, une somme en total décalage avec leurs moyens. Vendredi dernier, leurs comptes bancaires sur lesquels sont versés leurs bourses d'études ou des salaires provenant de petits boulots ont été bloqués. De l'argent va être saisi jusqu'au «rassemblement de l'intégralité de la somme due», pointe Jean-Marc Delaunay, un étudiant de 22 ans, qui figure parmi les habitants de l'immeuble.
«Pris à la gorge». La propriétaire a même engagé une deuxième procédure devant le tribunal de grande instance, pour réclamer aux squatteurs 180 000 euros supplémentaires : 15