Dominique Poisson est responsable de programme au Centre de recherche et d’information nutritionnelle (Cerin). Elle est à l’origine d’un colloque intitulé «Alimentation et pouvoir d’achat : concilier qualité nutritionnelle et prix», qui se déroule aujourd’hui au Sénat.
La crise a-t-elle des incidences sur nos comportements alimentaires ?
On commence à percevoir de légères modifications. Selon le Credoc, les consommateurs achètent moins de plats cuisinés, de boissons alcoolisées, de fruits de mer, de produits de marque et de label. Certains aliments de bon rapport qualité nutritionnelle/prix résistent mieux comme les produits laitiers ou les surgelés. A ce sujet, il faut noter que le sentiment de baisse du pouvoir d’achat est antérieur à la crise. Il remonte au passage à l’euro et s’est accentué depuis la hausse des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux. La crise de l’automne 2008 a amplifié cette perception.
Quelle est la place de notre porte-monnaie dans nos choix alimentaires ?
L’argument monétaire n’est pas le seul facteur qui détermine nos achats car sur le plan de la représentation psychosociale, l’alimentation est éminemment complexe. Nos goûts, nos envies, nos souvenirs d’enfance, nos répulsions vont influer nos choix. Ce qui fait que, par exemple, un riche n’est pas obligé d’aimer des aliments de luxe comme le homard ou le champagne. Tous ces facteurs font qu’il est très compliqué de modifier les comportements alimentaires d’où les résultats mitigés des programmes de santé.
Nos menus sont-ils clivés par notre appartenance sociale ?
Peut-être mais pas pour des raisons monétaires. C’est le niveau d’éducation qui intervient dans l’élaboration d’un menu. Une mère